Je n'avais pas particulièrement prévu de venir écrire ici aujourd'hui. Enfin si, je savais bien que je viendrais poser quelques mots, mais j'avais envie de faire quelque chose de léger, de sympa pour changer.
Un peu dans le style de la fabuleuse Caroline et de son article qui raconte sa mammographie minute par minute, et qui parvient ainsi à très bien dédramatiser ce moment tant redouté (à ce propos, dans la droite lignée de mon billet, voici le dernier qu'elle ait publié et qui parle également d'une très jolie initiative). Ou à la manière pleine d'humour (et toute en finesse)(private joke que vous comprendrez en la lisant) de La Carne, que je vous invite à découvrir si ce n'est pas déjà fait.
Bref, tout sauf ce dont je vais vous parler maintenant.
Mais la vie cette biatch (je ne sais plus qui est l'auteure -forcément- de cette si juste formule, qu'elle m'en excuse d'avance et s'exprime maintenant ou bien se taise à jamais)(pardon)(des années de catéchisme, toussa!), la vie cette biatch disais-je donc, en a décidé autrement.
Pffff, je vous ai déjà dit que je trouvais cette rentrée particulièrement difficile ? Oui ? Bon et bien je vous le redis alors. Je trouve cette rentrée particulièrement difficile.
Hier était jour de rdv avec "la Dame". Vous savez, celle dont je vous ai un peu parlé ici. Il était normalement prévu que ce soit mon Loulou qui s'exprime, mais comme il semblerait que j'ai un peu beaucoup de choses sur le coeur, et bien c'est encore moi qui ai monopolisé la conversation. Et Loulou a fait semblant de ne pas écouter, alors qu'on voyait très bien qu'il était très attentif à tout ce qui se disait.
Et qu'en est-il ressorti, de cet entretien, hormis le fait qu'il m'ait encore plus épuisée ?
Et bien en substance, parce que je suis sûre que je serai amenée à vous en reparler, la pédopsychiatre m'a dit que mon fils a le comportement typique d'un enfant précoce. Bien entendu, dès que j'ai entendu ce mot, je me suis vue lever les yeux au ciel et lui répondre que bien entendu non, mon fils n'est pas précoce. Elle a insisté, m'a répété que si, il a réellement le comportement d'un enfant ayant des capacités supérieures à celles des autres enfants de son âge, et moi j'ai insisté à mon tour en lui disant que non, pas du tout.
Je ne sentais plus mon coeur dans ma poitrine.
Dialogue de sourds, j'ai une très légère tendance à devenir obtuse quand on me dit des choses que je ne veux pas écouter, surtout s'agissant de mes enfants.
Donc voilà où nous en sommes. Nos difficultés viennent juste d'un manque d'adéquation entre nos réactions et celles de Loulou, qu'il ne maîtrise pas mais qui lui permettent de se décharger de l'extrême tension dans laquelle il vit.
"Je n'ai pas de baguette magique" m'a-t-elle dit.
"C'est bien dommage" lui ai-je répondu. Et sinon, pourquoi on vous paie alors ???
Passons donc cet épisode et arrivons à la fin de la journée.
Au moment du repas, une amie que je n'ai pas vue depuis très longtemps passe à la maison avec ses neveux du même âge que les enfants pour nous faire un petit coucou. La fin de journée, le pire moment, celui où Loulou est une pile électrique qui ne maîtrise plus rien, et qui parvient facilement à entraîner dans son sillage toute la ribambelle de gamins qui ne demandent que ça.
Et les voilà donc partis à faire (comme tous les soirs) des courses de charriots dans la maison. Je surveille d'un oeil, toute contente de papoter, et tout d'un coup j'entends ma Loulette hurler comme je crois que je ne l'avais jamais entendue jusque là.
Je me précipite et vois, sans vous mentir, son front complètement enfoncé au dessus de son oeil droit. Je hurle à mon tour, ce qui la fait paniquer encore plus, mais à ce moment-là je ne réfléchis même plus tellement ce que je vois me fait peur.
Mon coeur a explosé.
Heureusement, ma copine qui maîtrise encore ses nerfs, elle, part à la recherche de glaçons et dégaine un flacon de rescue.
Loulette hurle dès qu'on la touche, on n'arrive pas à faire quoi que ce soit.
Nous décidons alors d'aller aux urgences, 3ème fois quand même en 5 mois, bon record.
La puce va mieux, elle accepte même de manger, il faut dire qu'il est plus de 20h00. Il y a un monde fou, et comme ce ne sont pas des urgences pédiatriques, les enfants n'ont pas forcément la priorité. J'ai du retourner à l'accueil 2 fois pour qu'une infirmière vienne quand même voir si ce n'était pas trop profond, et lui mette de la crème anesthésiante. Je passerai sous silence le moment où elle a évoqué la pose de points sur le front de MA bébée, et où je l'ai proprement envoyée balader (pardon, pardon! Je crois que je lui ai fait un peu peur ...).
Bref, au bout de près de 3 heures d'attente, une très gentille interne venue des pays de l'est et ne parlant pas très bien le français nous a prises en charge, ma Loulette fatiguée et moi sa Mère paniquée. Elle a vu que ce n'était que superficiel, a parlé à Loulette comme à une adulte ("Il faut lester tlanquille petite Madame!"), a bataillé ferme pour lui mettre de la colle ("Tlanquille je vous ai dit, tlanquille!"), et n'a pas su m'expliquer les soins pour la suite, mais à part ça tout s'est bien fini. Et sinon quand je lui ai demandé si cela la dérangeait que je change sa couche sur la couchette des urgences, elle m'a dit : "Mais bien entendu oui voyons, c'est normal, c'est un enfant!", j'ai eu du mal à comprendre si elle acceptait ou non, mais je me suis dit qu'elle était tout de même bien sympathique.
Passons donc cet épisode pour arriver à la fin de la soirée, où j'ai appris que la petite Fiona ... Bref, non, n'en parlons pas, je n'ai pas de mots, je n'ai pas le coeur.
En cas de gros choc comme celui subi par Loulette, il faut réveiller les enfants environ toutes les 3 heures la nuit, pour s'assurer que tout va bien. J'essayais d'être détendue vous voyez. Elle avait crié tout de suite, n'avait pas vomi, avait mangé un peu, et pas mal fait la folle à notre retour à la maison. Mais quand même, je n'en menais tellement pas large que je me suis réveillée direct quand il a fallu.
Je suis montée une 1ère fois. Elle respirait tout calmement ma jolie poupée. Je lui ai caressé la joue, mais je n'ai pas osé la réveiller. Elle dormait tellement bien ...
Je me suis endormie, puis réveillée en sursaut un long moment plus tard. Je suis remontée la voir, elle n'avait pas bougé d'un pouce, alors cette fois-ce j'ai voulu la réveiller. J'ai écouté sa respiration, je l'ai embrassée, j'ai encore caressé sa joue, et elle s'est retournée sur le dos.
A ce moment-là, elle a cessé de respirer.
Et mon coeur à moi, a cessé de battre.
Je crois que je me souviendrai toute ma vie de cet instant-là, et de ce que j'ai ressenti. J'en ai les larmes qui coule en vous le racontant.
Cela n'a duré que 10 ou 15 secondes, et c'est quelque chose que je connaissais déjà car cela lui arrivait régulièrement quand elle s'endormait sur moi.
Mais cette fois-là, c'est comme si toute ma vie s'était suspendue à son souffle.
J'ai crié son prénom, je l'ai secouée un peu durement. Puis de nouveau, j'ai entendu sa respiration, vu sa poitrine se soulever. Elle a ouvert les paupières, brièvement, puis s'est retournée de nouveau en ronchonnant.
Je suis allée voir son frère ensuite, qui respirait tellement doucement que j'ai du coller mon oreille sur sa poitine pour l'entendre. Pour me rassurer.
Ce matin, je suis allée les réveiller en même temps, tous les 2, j'avais hâte de les voir debouts et de tourner cette page.
Je m'excuse pour cet énième billet fleuve. Je ne sais définitivement pas faire court, mais en même temps il fallait que je pose tous ces évènements par écrit, pour les faire sortir de moi.
Ce matin, la crèche m'a appelée pour me dire que Loulette s'était cogné la tête contre celle d'un copain, juste sur son gros bobo d'hier. Les puers étaient en stress, elles pensaient que Loulette avait des points et qu'ils avaient peut-être sautés. J'ai joué à la Maman qui gère, les ai rassurées en leur disant que ce n'était que de la colle et qu'elles pouvaient enlever le pansement pour s'en assurer. En réalité elle avait une énorme bosse, mais juste au dessus.
"Tout va bien alors, je vous rappelerai dans la journée, d'accord?"
J'ai fait celle qui était détachée.
Alors que dedans mon coeur s'était brisé.
Vivement ce soir que je les récupère, et que je récupère mon coeur avec eux.