Angélina Jolie a subi une double mastectomie pour prévenir un risque très élevé du cancer des seins et des ovaires.
Cette annonce était sur toutes les lèvres et a fait le tour des réseaux sociaux hier (big up à Christine Boutin qui a une nouvelle fois fait preuve de retenue et de délicatesse, comme à son habitude)(c'est quoi déjà le terme politiquement correcte pour vieille truie ?).
Angélina Jolie serait porteuse d'un gêne défectueux, qui augmente dramatiquement le risque d'avoir un cancer des seins ou des ovaires. Dans sa tribune du 14 mai dans le New York Times, intitulée "Mon choix médical", elle explique qu'elle avait 87% de chances de développer un cancer du sein, et 50% de chances de développer un cancer des ovaires. Sa propre Mère étant décédée d'un cancer du sein, l'actrice a expliqué son choix de subir une double mastectomie préventive pour préserver sa famille.
Je ne vais pas m'étendre d'avantage sur le sujet, tous les journaux ont déjà repris en coeur ses propos dans le journal américain.
Je ne ferai pas jouer les violons en répétant les propos de son merveilleux amoureux, et je ne dirai pas que son opération est esthétiquement parfaite et quasi invisible, permettant ainsi aux commentateurs radio de faire des blagues vaseuses sur sa "plastique" (hu hu) idéale, modèle de Lara Croft.
Je crois que je dois être comme à peu près 99% de la population à ce sujet : extrêmement partagée. Est-ce réellement un acte héroïque, un choix qui n'en est pas vraiment un compte tenue de sa déficience génétique, un exemple à suivre et qui permettrait d'éviter bon nombre des décès consécutifs à ce cancer (près de 11 500 en 2011). Ou n'est-ce qu'un acte "stupide" et "hystérique" comme beaucoup l'ont dit, uniquement dicté par une crainte irraisonnée (et facilité par de gros moyens financiers) ?
Sauf que voilà, je me sens d'autant plus concernée que ma Mère est décédée d'un cancer. Ce n'était certes pas un cancer du sein, mais mes chances de développer le même cancer qu'elle sont très élevées. Je dois subir chaque année des examens préventifs, qui sont lourds et désagréables. Mais comme il ne peut être question dans mon cas d'une ablation du foie, je dois faire avec.
La compagne de mon père est également décédée d'un cancer du foie. Qui était du à des métastases venant des poumons. Qui avaient eux-mêmes été attaqués par des métastases provenant ... des seins. Les deux. L'un après l'autre. En un an, cette femme de 55 ans a subi de la radiothérapie sur chacun de ses seins, puis une opérations des poumons avec chimiothérapie. Et elle est morte.
Chez elle aussi, il était apparu que les fameux gènes BRCA1 et BRCA2, qui sont les gènes de la susceptibilité des cancers des seins ou des ovaires, avaient subi des mutations génétiques la prédisposant grandement à ces types de cancers.
Pourtant rien ne pouvait lui faire penser que cela était le cas : pas de cancer du sein ni d'autre type de cancers dans sa famille, et elle avait déjà plus de 50 ans (les mutations génétiques sont plus fréquentes chez les femmes qu développent un cancer jeunes).
Aurait-elle pu être sauvée si elle avait découvert ces mutations avant, par une simple prise de sang permettant de réaliser un test de dépistage génétique ? Je ne suis pas sûre que la question soit vraiment là. Je ne pense pas que le commun des mortels (pas Angélina, donc) réagirait en se faisant faire une double mastectomie. Mais, ce qui est sûr par contre, c'est elle aurait certainement été plus vigilante, et aurait peut-être fait des examens de contrôle plus régulièrement.
Le geste de la comédienne est à mon sens extrême et radical. Il n'est pas à la portée de tout le monde non plus. Subir une telle intervention sous le couvert d'un simple "et si" est un geste à la fois courageux et paranoïaque. Angélina Jolie est devenue l'incarnation du proverbe "mieux vaut prévenir que guérir".
Mais il est aussi plein de sens. Il donne à réfléchir sur la place de la prévention dans notre système médical. Il met en avant le nombre encore élevé de décès malgré les progrès des traitements. Il montre qu'une femme qui a du subir une ablation des seins n'en reste pas moins une femme à part entière, avec sa féminité intacte.
Reste une question : que ferais-je, si j'étais confrontée au même dilemne ?
Et vous, que feriez-vous ?