On entend partout parler de "l'éducation non violente" comme d'un concept. Honnêtement, ça me fait doucement rire ...
Depuis que nous sommes parents, et c'est aussi le cas de la plupart de nos amis, nous n'élevons pas nos enfants en suivant des théories. Nous agissons plutôt à l'instinct, en fonction de ce qui nous parait le mieux pour eux, pour nous, mais aussi forcément en fonction de nos tempéraments.
Alors, certes, nous avons attentivement lu certaines bibles, telles que "Tout se joue avant six ans" du Docteur Dodson, "Parents efficaces" du Docteur Gordon, ou "Au coeur des émotions de l'enfant" d'Isabelle Filiozat.
Ca a peut-être influencé notre façon de faire. Mais peut-être pas ...
Pour ma part, en tout cas, je ne me suis jamais dit que j'allais élever mes enfants au martinet (d'ailleurs, est-ce que ça existe encore ce genre de truc ?). Mais je ne me suis jamais dit non plus que je mettrais jamais de fessée.
Nous grandissons avec nos enfants. Nous apprenons d'eux autant qu'ils apprennent de nous.
Quand mon fils a commencé sa phase d'opposition, nous avons tout naturellement cherché à dialoguer avec lui plutôt que de le punir. Toujours, nous lui avons proposé des choix afin qu'il se sente libre de prendre sa propre décision.
Jamais nous n'avons tapé sur sa main alors qu'il touchait quelque chose que nous venions de lui interdire de toucher.
Il est allé au coin pour la première fois à 2 ans 1/2 ...
Il faut avouer, avec du recul, que son "terrible two" a commencé tôt, a duré longtemps, mais a été plutôt soft! Il ne s'est jamais roulé par terre, par exemple. Il n'a jamais hurlé en public suite à un refus de notre part ...
Pourtant, mon Amoureux et moi avons deux caractères différents. Autant il est calme et posé, autant je suis sanguine et à fleur de peau ... Nos réactions face aux conflits sont donc souvent différentes. Lui ne s'énerve jamais, et parvient à discuter quelle que soit la situation (sauf à 3 heures du matin, c'est vrai, mais c'est normal!). Et moi, lorsque je vois que la négociation n'aboutit pas assez vite, je crie. Parfois, je crie tout de suite, d'ailleurs ...
Je suis très exigeante, toujours. Manger proprement et dans le calme. Ne pas éclabousser dans le bain. Arrêter de poser des questions dont il connaît déjà la réponse. Se déshabiller, s'habiller, se brosser les dents, se laver, mettre et enlever ses chaussures, il doit le faire.
Je sais qu'il n'a que 3 ans, mon tout petit, et pourtant je lui demande d'agir comme sil en avait beaucoup plus.
Et puis il y a eu ce jour ...
Nous lui avions acheté une nouvelle housse de couette, et cela faisait plusieurs semaines que je devais la laver et qu'il la réclamait en allant se coucher.
Un soir, chose faite, nous lui mettons sa nouvelle housse.
Après son coucher, nous avions du remonter le voir 3 fois, parce qu'il s'était découvert, parce que sa gourde faisait du bruit, parce que son doudou avait sauté tout seul par dessus bord ...
A chaque fois, il s'était mis à pleurer puis à hurler, et à chaque fois j'avais du lui rappeler que Loulette dormait, qu'il ne fallait pas la réveiller, et qu'il pouvait très bien nous appeler sans crier. Qu'il n'était plus un bébé et pouvait dire ce qu'il avait ...
La 4ème fois, je suis allée le voir en colère. Il criait et pleurait en même temps, et je n'arrivais pas à savoir ce qu'il avait. Plus je lui disais de parler, et plus il criait ...
J'ai fini par comprendre qu'il ne voulait plus de sa nouvelle housse, qu'il voulait que je remette l'ancienne.
Quand je lui ai dit qu'il n'était pas question que je le fasse, il a hurlé de plus belle, et a fini par réveiller sa soeur ...
Ce n'était pas la première fois, pourtant.
Mais ce soir là, je suis sortie de mes gonds. Je l'ai attrapé sous les bras, je l'ai sorti de son lit, et je l'ai emporté jusque dans la salle de bain. Tout en le portant, je serrais ses bras très fort, j'avais envie de lui faire mal. Je l'ai posé sans ménagement et me suis assise à un mètre de lui. Je l'ai regardé méchamment, droit dans les yeux, tellement aveuglée par la colère que ce n'était plus lui que je voyais ...
Et puis, tout d'un coup, j'ai entendu ses sanglots. Et j'ai vu un tout petit garçon, tremblant de peur, les deux poings serrés sur sa bouche. Mon tout petit garçon ...
Je me suis approchée et je l'ai pris contre moi. Je l'ai serré fort, l'ai assis sur mes genoux. Je l'ai embrassé mille fois, me suis excusée, lui ai expliqué ma colère, et lui ai dit que j'avais eu tort de réagir comme ça.
Nous sommes retournés dans sa chambre, et nous sommes restés longuement serrés l'un contre l'autre.
Quand sa respiration s'est calmée, je suis sortie de sa chambre, et suis allée dans la mienne. Je me suis mise à pleurer. J'avais tellement honte d'avoir réagit ainsi. J'avais tellement mal de l'avoir vu si vulnérable et si craintif face à moi, dont le rôle est de le protéger.
Je ne sais pas s'il a déjà oublié cet épisode, mais moi je m'en souviendrai toute ma vie.
J'essaie de lâcher prise, d'être moins dure. Je n'y arrive pas toujours, mais je tente de ne plus réagir aussi vivement avec lui ...
De façon imperceptible, les choses ont changé entre nous. Le soir, j'ai droit à plusieurs câlins, et j'aime penser qu'il ne les réclame pas juste pour gagner du temps avant de monter se coucher.
Je suis une Maman imparfaite, mais qui essaie de faire de son mieux.
J'ai réalisé que mon fils grandissait, mais qu'il était encore tout petit. Mon tout petit ...
Et ce que je veux qu'il retienne de la vie, mon tout petit, c'est que je serai toujours là pour veiller sur lui ...
Edit : Merci à Mum Sweet Mum qui a placé mon billet dans son TOP 5 du mois de juin.